A La Pallice, l’écologie industrielle est entrée en pratique

A La Pallice, l’écologie industrielle est entrée en pratique

Publié le 13 juin 2019

Extraire moins de matières premières, en recycler davantage, économiser l’énergie, tenir compte d’une planète et d’un environnement à protéger, telles sont les bases de la coopération inter-entreprises qui s’organise à La Pallice, stimulée par l’association MER : Matières Energies Rochelaises. Une démarche qui s’inscrit pleinement dans le projet « La Rochelle Territoire Zéro Carbone ».

port de la palice

« Ecologie industrielle : cela peut paraître surprenant de rapprocher ces deux mots, n’est-ce pas ? » sourit Remy Justinien. Le coordinateur de l’association Matières Energies Rochelaises (MER) évoque pourtant une démarche très concrète qui met en réseau les entreprises de la place portuaire pour mieux gérer ensemble leur impact écologique. « On peut commencer petit avec des choses très simples comme le tri sélectif. Un mégot jeté par terre finit à la mer. Si on le récupère, la cellulose recyclée peut servir par exemple à fabriquer du mobilier urbain », décrit Nathalie Hergon, trésorière de l’association.

Chacun est prescripteur

Présidée par Alix Deschamps, directeur de Solvay, l’association n’existe que depuis début janvier sous cette forme. « Mais travailler sur l’écologie industrielle et l’économie circulaire figurait comme axe de la Charte de développement durable signée en 2015 par Port Atlantique La Rochelle et l’Union Maritime. Aujourd’hui, ce volet est repris par cette association indépendante ». Administrée par des dirigeants de la place portuaire, l’objectif de MER est d’entraîner toujours davantage les entreprises locales « Quand vous voyez votre voisin mettre en place quelque chose, vous vous dites que c’est possible. Chaque entrepreneur, chaque salarié devient prescripteur sur ces questions écologiques qui ont beaucoup plus de résonnances aujourd’hui qu’hier », constate Nathalie Hergon.

Des économies financières aussi

Lorsque son entreprise, Galva Atlantique, récupère les palettes qu’une société voisine, AIS Elec, s’apprêtait à jeter, c’est une économie pour les deux partis et autant de matière première – le bois – épargnée. « Globalement, nous avons mis en place un système qui permet de recycler 12 000 palettes par an », fait savoir Rémy Justinien. D’autres initiatives sont prises sur d’autres flux de déchets, les résidus de cargaisons (poussières de céréales, tourteau de soja, clinker) sont désormais valorisés. La déconstruction d’un hangar portuaire a, par exemple, fourni 2 000 tonnes de gravats et permis 19 000 € d’économies à une entreprise du BTP qui les a réutilisés en sous-couche pour la réalisation d’un parking. « C’est autant de nouvelle matière qui n’est pas extraite d’une carrière ».

Initiatives variées

Sans dresser l’inventaire exhaustif de toutes les actions entreprises, le coordinateur de MER cite, à propos d’énergies renouvelables, la solarisation du toit de la base sous-marine et de 7 hangars du Grand Port Maritime. Des entreprises comme Sarrion lui emboitent maintenant le pas pour leurs propres toitures. « Concernant cette fois les déplacements : le port a investi dans 4 utilitaires électriques en 2016 et calculé trois ans plus tard que cela lui avait fait économiser 200 000 €, en carburant non dépensé et moindre entretien des véhicules ». Un exemple inspirant pour d’autres entreprises. Les adhérentes de MER envisagent ainsi la mise en place d’une plateforme de covoiturage spécifique au quartier portuaire.

L’eau est aussi un bien précieux à prendre en compte et qui le sera toujours plus à l’avenir. « Nous avons créé des bassins pour récupérer les eaux de ruissellement sur notre site et celles de nos toitures. Aujourd’hui, nous nous servons à 100% de cette eau des bassins et non plus de celle du robinet pour notre process de galvanisation », raconte Nathalie Hergon. La patronne de Galva Atlantique aime aussi évoquer les 200 arbres qui ont grandi depuis 1998 sur son site industriel qui, à l’époque, n’était pas du tout végétalisé. « Aujourd’hui, nous avons 20 000 m² d’espace paysager. Nos arbres nous protègent des poussières de la rue de Québec. Nous n’utilisons aucun pesticide et désormais, nous avons le statut de refuge LPO ».

De grands enjeux énergétiques

L’association MER est enfin le lieu où peuvent mûrir des projets novateurs d’économie circulaire, par exemple le traitement des biodéchets. Une étude révèle en effet que le territoire portuaire, incluant Chef-de-Baie et ses industries agroalimentaires, en produit entre 15 000 et 25 000 tonnes par an. « Ces biodéchets pourraient entrer dans un processus de méthanisation pour fabriquer du gaz naturel qui, liquéfié, intéresse une entreprise locale, Picoty. Sa station GNL fournirait des transporteurs locaux, nous avons sur la zone les trois principaux Tardet, Sarrion et Hautier. On aurait là une boucle énergétique », expose Rémy Justinien. Reste à savoir où serait implantée cette unité de méthanisation. « Un projet de ce type implique une concertation importante avec les habitants, les entreprises, les élus, les pouvoirs publics. C’est aussi le rôle de l’association MER d’être une interface de concertation ».

La Rochelle Territoire Zéro Carbone

A ce jour, plus de 150 entreprises sont impliquées dans une démarche d’Ecologie Industrielle et Territoriale sur l’Agglo, via les dispositifs MER et Biotop (à Périgny). Des synergies que le territoire souhaite étendre à travers le développement de nouveaux réseaux ou la mise en place d’une plateforme collaborative d’information et de gestion des données. En savoir +

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