Biolopam : une aventure économique parfumée au bon thym

Biolopam : une aventure économique parfumée au bon thym

Publié le 11 juil. 2019 - Mis à jour le 16 juil. 2019

Six agriculteurs de l’Agglomération se sont lancés, voici quelques années, dans la culture biologique du thym. La coopérative Biolopam, créée l’an dernier, en fédère désormais une vingtaine et la voici déjà première productrice française de thym bio pour l’herboristerie. Biolopam propose aussi d’autres plantes aromatiques et médicinales.

Thym

Aussi loin qu’il s’en souvienne, Didier Dorin a toujours aimé faire germer des graines. « Enfant, je m’essayais sur de l’arachide, des plantes exotiques, je faisais pousser des bananiers autour de la maison ». Plus tard, le jeune homme aux parents agriculteurs à Sainte-Soulle a d’abord opté pour un métier éloigné de la terre - « j’étais salarié d’une mutuelle d’assurances » - puis il y est revenu, avec en perspective l’idée de faire du bio. L’exploitation familiale étant en partie située sur une zone de captage d’eau potable de La Rochelle, il n’était pas question d’y faire des céréales gourmandes en intrants chimiques et autres pesticides. Didier Dorin a alors eu vent des besoins de Léa Nature en plantes d’herboristerie pour ses infusions, en particulier du thym. « J’étais prêt à me lancer sur ce type de culture, mais pas tout seul. Avec l’aide du GAB 17 (groupement des agriculteurs biologiques), j’ai trouvé quatre ou cinq autres farfelus comme moi pour relever le défi. »

didier dorin

Le thym demande de l’attention

Eric Boulerne était de ceux-là. Issu de quatre générations d’agriculteurs à Dompierre-sur-Mer, il a repris l’exploitation pour la faire évoluer « dans un sens davantage paysan, revenir à l’agronomie, planter des arbres dans les champs qui ralentissent le ruissellement et limitent l’érosion des sols, passer progressivement en bio ». Comme son collègue de Sainte-Soulle, Eric Boulerne aime l’idée de coopération, ne pas faire seul dans son coin. « Pour le thym, j’étais donc partant, mais il m’a fallu apprendre, essuyer les plâtres. Au début, je me disais que cette plante de garrigue n’avait pas besoin de moi. Je l’avais plantée sur des parcelles loin de la ferme. Erreur ! le thym demande beaucoup d’attention, il faut y passer sans arrêt pour désherber ». Eric a appris, comme ses collègues qui sont à présent 19, à coopérer au sein de Biolopam, un nom choisi pour souligner la production biologique (biolo) de Plantes Aromatiques et Médicinales (pam).

eric boulerne

Herboristerie et huiles essentielles

« Nous avons débuté sous forme de groupement d’intérêt économique (GIE). Maintenant que nous avons mieux assis notre activité, nous sommes organisés depuis 2018 en coopérative », indique Didier Dorin qui a pris la présidence de cette entité. Les agriculteurs de Biolopam cultivent à Angoulins, Saint-Christophe, Saint-Xandre, Saint-Médard d’Aunis, globalement dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de Sainte-Soulle où se situe le siège social de la coopérative. Elle ne se limite pas au thym et travaille sur d’autres plantes bio : origan, marjolaine, immortelles des dunes, coriandre, lavandin, utiles à l’herboristerie et à la fabrication d’huiles essentielles. La coopérative fournit pour l’instant peu pour l’alimentation. « Le thym, c’est le même, qu’on s’en serve pour parfumer un plat ou faire une infusion, mais nous avons surtout des acheteurs pour des tisanes ». Parmi ceux-ci figure Léa Nature, mais pas exclusivement. La coopérative compte désormais une quinzaine de clients. D’autres frappent à sa porte, il y a de la demande pour des plantes aromatiques bio d’origine France, « mais nous devons être rigoureux dans notre développement, ne pas griller les étapes », déclare Didier Dorin.

Un bâtiment en construction à Sainte-Soulle

Quoiqu’il en soit, la coopérative Biolopam s’est déjà hissée au rang de première productrice française de thym bio pour l’herboristerie. Cette plante est largement majoritaire dans une production qui atteignait l’an dernier 40 tonnes de plantes sèches et 30 kilos d’huiles essentielles. Aussi prudent soit-il, Didier Dorin envisage une belle progression pour la coopérative qu’il préside. « Aujourd’hui, nous sommes 19 pour 40 ha plantés. Nous espérons passer à 25 pour 60 ha dans un futur relativement proche. Ensuite, nous aviserons ». Un bâtiment de 800 m² est en construction à Sainte-Soulle pour accueillir les activités de Biolopam, le stockage des plantes puis le séchage, l’émondage, le tamisage et enfin la préparation des sacs pour les clients. Selon leurs attentes, la coopérative peut faire évoluer ses productions. « Cet hiver, nous allons essayer les bouquets garnis ». Eric Boulerne, aujourd’hui vice-président de la coopérative, est toujours partant pour la nouveauté. « Avec les plantes aromatiques bio, on ouvre une nouvelle voie que n’imaginaient pas nos anciens en Charente-Maritime. En plus, on en revient à un type de culture qui rémunère l’homme tout en respectant les sols, l’eau, la nature ».

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