De la brique alimentaire au banc public

De la brique alimentaire au banc public

Publié le 11 févr. 2020 - Mis à jour le 17 févr. 2020

L’exposition d’un de ses produits à l’Elysée fin janvier a donné un coup de projecteur à la société Urban Ext. Dans ses ateliers installés sur la commune d’Yves, cette entreprise traite une matière issue du recyclage de briques alimentaires pour fabriquer du mobilier urbain. Bancs, abris-bus et autres objets utiles à tous dans l’espace public naissent de la transformation d’un déchet.

urban ext

Jusqu’alors agent décorateur intérieur et extérieur, Manuel Chevreuil se souvient bien de cette journée qui a changé le cours de son existence professionnelle. Il s’était rendu chez un de ses clients habitant dans la Vienne. Celui-ci lui a montré les piquets qu’il comptait utiliser pour une clôture. « Ceux-là ne s’abimeront pas » disait-il, « leur base imputrescible est issue du recyclage des briques de lait ». Etonné, le décorateur s’est documenté, il a même fait le déplacement jusqu’à Auxerre où un fabriquant transformait en granulés cette matière nommée polyal, soit l’alliage de polyéthylène et d’aluminium qui fait le revêtement intérieur des briques alimentaires. « Ça m’a tout de suite donné des idées pour ce matériau qui, en dehors des piquets agricoles, n’avait alors pas tellement de débouchés. »

Installation à Yves

Séduit par l’intérêt de donner une seconde vie à un déchet, Manuel Chevreuil a pensé que cette matière collerait bien avec la fabrication de mobilier urbain, « d’une part parce qu’elle est très résistante, et on sait que les bancs et autres mobiliers de l’espace public sont soumis à une utilisation soutenue et des dégradations. D’autre part, parce que ce polyal est non toxique, à la différence par exemple des bois traités à cœur qui finissent par rejeter dans le sol les produits de traitement ». Restait à apprivoiser ce fameux polyal, faire des essais, dessiner des formes, adapter des machines et enfin créer l’entreprise baptisée Urban Ext.

Elle est née en 2013 à Montmorillon, où se situe toujours le siège social, puis ses ateliers de fabrication ont déménagé à Yves en 2018, d’où sortent désormais des bancs, tables de pique-nique, tours d’arbres, bains de soleil, jeux d’enfants, petits chalets. « On peut presque tout imaginer et nous ne manquons pas d’idées, mais comme toute entreprise innovante, notre phase développement n’est pas facile à négocier ». Si déjà beaucoup de collectivités ont passé commande à Urban Ext pour du mobilier urbain, la société est encore fragile et en recherche de partenaires pour consolider ses bases.

Distinguée parmi 1 780 dossiers

Quoiqu’il en soit, elle vient de recevoir un sacré coup de projecteur. L’une de ses tables de pique-nique 100% recyclées faisait partie des 120 objets choisis par l’Elysée pour son exposition « Fabriqué en France » célébrant le temps d’un week-end la créativité française dans le palais présidentiel, les 18 et 19 janvier derniers. « Nous avons été sélectionnés parmi 1 780 dossiers déposés. C’est pour notre équipe une véritable reconnaissance et nous espérons que cela contribuera à convaincre des investisseurs de nous suivre », déclare Manuel Chevreuil qui, pour l’instant, doit faire avec une trésorerie ne permettant pas « de développer tout notre potentiel». L’entreprise d’Yves a en tout cas trouvé une autre occasion de se faire remarquer. Sa table de pique-nique a quitté l’Elysée pour le jardin du Ministère de l’économie à Bercy où elle restera exposée jusqu’à la fin de la semaine de l’Industrie, le 5 avril prochain.

En savoir plus : urbanext.org

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