Lucie Boudesseul, la moto dans la peau

Lucie Boudesseul, la moto dans la peau

Publié le 13 nov. 2025

Son parcours force le respect et l’admiration. À 22 ans, Lucie Boudesseul, pilote de moto professionnelle, installée à Clavette, multiplie les podiums à la fois sur des courses mixtes et des championnats féminins, en France et à l’étranger. Son record de vitesse : 320 km/h sur une 1 000 cm3 ! Rencontre avec une jeune femme hors normes.

Lucie Boudesseul - crédit Thomas Maquevic
Crédit : Thomas Maquevic

Le ton est assuré, les idées parfaitement claires et organisées et les ambitions affichées… Pas de doute, Lucie Boudesseul, 22 ans, pilote moto professionnelle, sait ce qu’elle veut. Originaire de Normandie, la jeune femme est venue s’installer il y a deux ans à Clavette pour se rapprocher de son entraineur David Veillon. Membre du team GMT 94-Yamaha, elle vient de boucler une saison 2025 remarquable en décrochant deux podiums sur le championnat du monde féminin, le premier à Magny-Cours, le 7 septembre, et le second en octobre à Jerez en Espagne.

« A Magny-Cours, j’ai vécu un moment incroyable de communion avec le public ! C’est la première fois qu’une Française montait sur un podium de championnat du monde ! J’accédais ce pour quoi je m’entraine depuis des années ! Ma famille, mes amis, mes partenaires étaient là parmi les 50 000 spectateurs. Un moment magique ! », raconte-t-elle.

Quelques semaines plus tard, en Espagne, la réaction du public espagnol est beaucoup plus froide. Mais qu’importe ! « Symboliquement, c’était fort. Je terminais devant deux Espagnoles, confirmant ma montée en puissance sur cette première année en mondial, et mon premier podium à Magny-Cours, qui n’était pas le fruit du hasard, comme je l’ai entendu, mais d’une véritable performance. »

La seule femme et la plus jeune

Une trajectoire fulgurante après avoir débuté la moto à l’âge de 14 ans. Rien pourtant ne la prédestinait à ce sport. « Mes parents n’étaient pas pilotes, je n’avais aucun contact dans le milieu et pourtant j’aimais la moto, je regardais les courses à la télé et sur Youtube. » Un voisin, le fondateur du team RR, l’enrôle pour disputer le championnat de Normandie d’endurance. Elle enfile combinaison, casque et gants, et passe son Certificat d’aptitude de sports motocycles. La deuxième fois qu’elle enfourche une moto c’est pour disputer sa première course ! « Un peu prématuré », analyse-t-elle a posteriori. Percutée par un adversaire, elle finit à l’hôpital sans connaissance, mais rien de grave.

Suivent deux saisons en endurance, jusqu’à ce qu’elle se fasse remarquer, sur un simulateur aux 24 heures du Mans, par David Veillon qui la prend sous son aile. « J’ai fait quatre saisons en championnat de France Supersport 300, avec des hauts et des bas. Je n’ai jamais décroché les résultats escomptés. C’était frustrant car on savait que je pouvais performer, mais je manquais de moyens financiers. Dans ce milieu, c’est plus difficile de trouver des budgets quand on est une femme. »

Lucie s’engage alors sur le championnat de France European bike 1 000 cm3. « C’était assez osé, mais je me sentais prête. Et ces motos sont tellement performantes que l’on a besoin de moins d’argent pour les préparer. J’étais non seulement la seule femme parmi 55 pilotes, mais aussi la plus jeune ! Cela n’a pas été un problème. Dans les paddocks, on m’appelait la gamine, mais je n’ai jamais entendu de propos déplacés. En revanche sur piste, les pilotes se permettaient parfois des dépassements plus dangereux ».

En 2023, elle termine 3e du championnat de France. « D’un coup, cela a imposé le respect. J’avais fait ma place. »

Cherche partenaires pour performer

L’année suivante, elle empoche encore deux podiums dont un sur le circuit de Carol à Tremblay-en-France, devant un parterre de personnalités de la fédération. Dans le même temps, elle « signe le record du circuit féminin. Je deviens la femme la plus rapide à avoir roulé sur ce circuit. Ça ne passe inaperçu ! » C’est là que Christophe Guyot, le patron du team GMT 94, l’embauche à son tour, cette fois pour courir sur le championnat du monde féminin. La suite on la connaît.

« Cette première année en mondial s’est passée encore mieux que ce qu’on pouvait espérait : 6e au classement général et 1e femme rookie de l’année. C’est le résultat de beaucoup de travail et de sacrifices. » On ne change donc pas une équipe qui gagne. Lucie poursuivra en 2026 sur ce championnat, avec l’espoir dans deux ans de pouvoir enfin vivre de son métier.

Alors, entre ses entrainements sur le Circuit de Val de Vienne où elle est licenciée, celui de karting d’Aigrefeuille-d’Aunis, et en salle au Fitness Park d’Angoulins, Lucie cherche des sous. « 133 000 euros, c’est beaucoup, mais c’est essentiel pour performer ! »  À bon entendeur !

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