Sur les pas des pionnières de la Nouvelle France
Sur les pas des pionnières de la Nouvelle France
Publié le 10 juil. 2025 - Mis à jour le 11 août 2025
La première est cinéaste, native de la Rochelle, la seconde est dramaturge, originaire du Québec. Sarah Clément-Colas et Annick Lefebvre, sont en résidence à la Maison des écritures depuis plusieurs semaines. Leur objectif : proposer, dans le cadre du Parcours Québec - sur les traces de la Nouvelle-France, un outil de médiation valorisant le paysage naturel, historique et culturel des 28 communes de l’agglomération, dont sont issus des pionniers de la Nouvelle-France. Rencontre.
« Au Québec, circulent beaucoup d’a priori sur les liens entre le Québec et la France, sur le profil des hommes et des femmes qui sont venus peupler notre territoire. Cet appel à candidatures m’a permis de constater que la réalité était bien différente ! » D’origine québécoise, Annick Lefebvre est dramaturge et réside à Montréal. Avec Sarah Clément-Colas, cinéaste et native de La Rochelle, elles ont décroché l’appel à candidatures « Récit d’un paysage, un dialogue franco-québécois », lancé par l’Agglo et la Ville de La Rochelle.
Leur mission ? Imaginer « une expérience inédite valorisant le paysage naturel, historique et culturel des 28 communes de l’agglomération dont sont issus des pionniers de la Nouvelle-France, en s’inspirant des racines communes des deux communautés - rochelaise et québécoise ». Un outil de médiation à destination des visiteurs et des habitants du territoire dans le cadre du Parcours Québec - sur les traces de la Nouvelle-France.
Hors des sentiers battus
Souvent méconnue, l’histoire du Québec est pourtant intimement liée à celle de La Rochelle. Dès la fin du 16e siècle, de nombreux habitantes et habitants ont traversé l’océan pour aller peupler ce que l’on appelait la Nouvelle France. Depuis, se sont développés des échanges privilégiés entre les deux communautés. De cette histoire commune subsistent de nombreux témoignages, architecturaux notamment, des hôtels particuliers, des églises… Le Parcours Québec, à l’échelle de l’agglomération, a pour ambition de mettre en évidence ce patrimoine qui continue à nous éclairer sur l’histoire canadienne de La Rochelle.
Le défi a d’emblée séduit les deux femmes qui se connaissent depuis 2017. Pour Sarah, qui a grandi à La Rochelle jusqu’à ce qu’elle parte étudier le cinéma à Paris puis à Montréal, l’appel à candidatures faisait doublement écho. « C’est au Québec, que je me suis sensibilisée aux filles de La Rochelle et que j’ai pris conscience de mon histoire rochelaise. »
Depuis plusieurs semaines, les deux femmes sillonnent l’agglomération à pied, à vélo ou en transport en commun, à la découverte des paysages, de l’architecture et à la recherche de témoignages de l’époque. Curieuses de sortir des sentiers battus.
Richesse des rencontres
« Je ne connaissais de La Rochelle que l’image des tours, les Francofolies et la Maison des écritures. Venir en résidence dans ce lieu fait d’ailleurs partie des rêves de beaucoup d’autrices et d’auteurs au Québec », sourit Annick. « Nous avons pu découvrir l’agglomération de façon inédite. Le territoire est assez exceptionnel, c’est un magnifique condensé de paysages différents, entre la ville, la mer et la forêt. Mais ce qui me touche le plus, ce sont les rencontres humaines que nous avons faîtes. »
Sarah ne dit pas autre chose : « Je n’imaginais pas une telle richesse de paysages. On a découvert plein d’endroits qui nous ont émues, intriguées. De l’église de village, au vieux garage en passant par la boulangerie et le petit resto du coin. Nous avons été extrêmement bien accueillies partout. D’un bout à l’autre de l’agglomération, le projet a plu à toutes celles et ceux que nous avons rencontrés, des hommes, des femmes très différents de par leur génération, leurs origines, leur milieu, qu’ils s’intéressent ou pas à l’histoire du Québec. »
Carnet de portraits
De ces pérégrinations, complétées par des recherches historiques, les deux femmes vont tisser un récit fictif. Celui de femmes originaires du territoire, qui ont existé ou pas, et qui sont allées peupler la Nouvelle France. Qui étaient-elles ? Pourquoi ont-elles choisi de traverser l’Atlantique ? Par quelles émotions ont-elles été traversées avant d’embarquer vers l’inconnu ?
La publication d’un petit carnet contenant les portraits écrits par Annick et filmés par Sarah permettra tant aux locaux qu’aux touristes de découvrir différemment le territoire. « Je ne vois plus La Rochelle et ses environs de la même façon. Ce travail a élargi mon champ de vision » confie Sarah. « Je garderai notamment de cette résidence une meilleure connaissance de moi et de mon histoire », confie de son côté Annick.
C’est important de savoir d’où on vient pour savoir où on va !