Apprendre la sobriété numérique avec l’Université

Apprendre la sobriété numérique avec l’Université

Publié le 12 oct. 2018 - Mis à jour le 20 mars 2020

Tendre vers le zéro carbone comme s’y sont engagés l’Agglomération et ses partenaires à travers le projet « La Rochelle Territoire zéro carbone* », c’est aussi adapter son usage des outils numériques. On ne mesure pas toujours le poids du digital dans les dépenses énergétiques, alors que celui-ci ne cesse de croitre. En pointe sur ces questions, l’université de La Rochelle sensibilise, forme et certifie les personnes comme les entreprises à la responsabilité numérique.

Portrait de Vincent Courboulay

L’an dernier, l’enseignant-chercheur rochelais Vincent Courboulay publiait, dans la Revue Dessinée, 30 pages de BD sous le titre « Le poids du Clic ». Une façon ludique de traiter de l’empreinte écologique du numérique, qui augmente à mesure que la société intègre du digital dans ses usages.

Vincent Courboulay est le « monsieur sobriété numérique » de l’université de La Rochelle, cours qu’il dispense aux étudiants mais aussi à toute autre personne et organisme qui veut obtenir dans un premier temps la certification, puis la labellisation « numérique responsable » mise en place par l’université en collaboration avec l’association nationale Green IT.

Prise de conscience

On l’ignore bien souvent, mais le numérique est extrêmement gourmand en énergie, de même qu’en matériaux non renouvelables, ces métaux précieux et rares qui entrent dans la composition des ordinateurs et smartphones. « Leur extraction revêt aussi un fort impact social, par exemple lorsqu’on envoie des enfants africains travailler dans de rudes conditions au fond des mines », relève Vincent Courboulay.

Il faut de l’énergie pour construire les ordinateurs, il en faut ensuite pour les faire fonctionner. Or, derrière la prise électrique, il y a les centrales, nucléaires chez nous, à charbon dans de très nombreux pays dans le monde. Un tiers des consommations est absorbé par des centres de traitement des données, les fameux data centers, « de grands hangars où l’on trouve des centaines d’ordinateurs générant beaucoup de chaleur. On consomme autant pour refroidir ces espaces que pour les machines ». L’acheminement des données coûte aussi cher en énergie, c’est le deuxième tiers : - « chaque e-mail envoyé, chaque consultation internet représente des milliers de kilomètres parcourus par les données », explique l’enseignant-chercheur. Enfin le dernier tiers de l’énergie est dépensé pour l’utilisation des appareils.

Sobriété numérique

La formation universitaire à la sobriété numérique informe sur ces questions et donne quelques clés pour réduire son empreinte. « Le plus important, c’est de faire durer ses appareils. Actuellement en moyenne, les gens changent de smartphone tous les 18 mois. Faire durer et acheter de l’occasion, voici le conseil premier et le plus efficace », estime Vincent Courboulay. Viennent ensuite une série de bons gestes à adopter, éviter les copies de mail à X destinataires, réduire le poids des photos envoyées, écouter la radio sur la bande FM plutôt qu’à partir de sa box, « ne pas utiliser google pour chercher l’adresse d’un site sur lequel on va souvent, le stocker en marque-page évite de longs trajets de données », cite l’enseignant-chercheur, donnant là un tout petit aperçu de ce qu’on peut apprendre en matière de sobriété numérique.

Ecoconception des services numériques

L’étage supérieur s’adresse davantage aux techniciens du web (mais aussi à ceux qui leur fournissent un cahier des charges pour la réalisation d’un site) : il s’agit de l’éco-conception des services numériques. « Là encore l’objectif, c’est la sobriété. Un webjournal qui met à la une des dizaines et des dizaines d’articles provoque beaucoup de téléchargements, donc beaucoup de transport de données et de consommation énergétique alors que l’utilisateur ne veut pas forcément tout ça. Il vaut mieux une page plus sobre, plus aérée, qui demande à l’utilisateur ce qu’il veut vraiment. Une page plus légère est par ailleurs plus facilement accessible dans les territoires excentrés qui n’ont pas la 4G ou 5G, elle est plus facile à lire pour des personnes ayant un handicap visuel, bref, il y va aussi de l’inclusion du plus grand nombre », décrit succinctement Vincent Courboulay.

La seule labellisation française

Lancée l’an dernier, la formation à la sobriété numérique a déjà concerné - outre les étudiants de l’université qui suivent ce cours – plusieurs organismes, dont des services de l’Agglomération et de la Ville de La Rochelle. Localement, la cité scolaire de Surgères est la première à avoir atteint le degré de certification lui permettant d’obtenir le label « responsabilité numérique ». L’université forme aussi sur ce thème de grosses structures nationales, telles que le siège parisien de Pôle Emploi, certaines banques et mutuelles. Les demandes de formation arrivent d’entreprises de toute taille et de tout l’Hexagone vers l’université de La Rochelle qui est actuellement la seule en France à proposer un label traitant de numérique responsable. Ce dernier va dans le sens de cette démarche plus globale que l’on nomme RSE, responsabilité sociale de l’entreprise. Et s’inscrit pleinement dans le cadre du projet « La Rochelle Territoire zéro carbone ».

En savoir plus

* Et si nous devenions le 1er territoire littoral urbain français à obtenir un bilan « zéro carbone » d’ici 2040 ? C’est l’ambitieux projet du consortium rochelais (Communauté d’Agglomération, Ville de La Rochelle, Université, Altantech, Port Atlantique) qui a été retenu en janvier 2018 dans le cadre de l’appel à projet national « Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA). Un projet destiné à accompagner des projets innovants de transformation, associant sur le long terme tous les acteurs publics, privés et les citoyens. L’écosystème local est fortement mobilisé autour de ce projet. En savoir +

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