Spiruline : une nouvelle ferme de production à Saint-Xandre

Spiruline : une nouvelle ferme de production à Saint-Xandre

Publié le 17 oct. 2022

Après deux années consacrées à la construction de sa ferme aquacole, Marine Couraudon-Réale a démarré en mars dernier la production de spiruline, cette "petite algue" aux mille vertus. Une activité encore marginale en France. Il n'existe qu'environ 150 fermes paysannes dans l'hexagone et quatre dans le département.

spiruline
Marine Couraudon-Réale

Deux serres abritant des bassins, un hangar agricole et un laboratoire, nichés à Saint-Xandre. C'est là que Marine Couraudon-Réale a posé ses sacs en 2020. Titulaire d'une Licence de biologie décrochée à La Rochelle et d'un Master en océanographie et environnements marins à La Sorbonne, la jeune femme a d'abord parcouru l'hémisphère Sud (Australie, Polynésie…), exploré les récifs coralliens, travaillé comme observatrice des pêches en Vendée, avant de découvrir la production de spiruline dans une petite ferme artisanale près de Marseille. Une révélation pour Marine qui souhaitait faire de la biologie marine. « La culture de la spiruline, c'est à la fois concret et scientifique », explique-t-elle. "On fait à la fois de la recherche les pieds et les mains dans l'eau, on touche à la biologie et à la chimie, on récolte, on fait sécher, et on vend ! ».

Fin 2019, soutenue par son ancien employeur, elle décide de lancer sa propre exploitation, sur ses terres, dans les environs de La Rochelle. Armée d'une détermination à toute épreuve, elle fait du porte-à-porte auprès des agriculteurs du coin, finit par dénicher un terrain et se lance dans la construction de l'exploitation, « presque toute seule avec ses petits bras ». Deux années plus tard, elle récolte enfin ses premiers kilos de spiruline.

« L'aliment santé supérieur du 21e siècle »

Apparue il y a 3.5 milliards d’années, « la spiruline est en fait une cyanobactérie, c’est-à-dire l’ancêtre des plantes », explique la chercheuse. « Elle a participé à la production d’oxygène sur la planète et est donc à l’origine de la vie sur Terre. Communément appelée "micro-algue" par abus de langage, elle est naturellement présente dans des lacs d’eau saumâtre de régions tropicales, comme au Tchad, en Inde et au Pérou. Elle était consommée originellement par les populations aztèques et tchadiennes, bien avant nous, et a été redécouverte au milieu du 20e siècle. » Car celle que l'on appelle également "l'algue bleue" a de nombreuses vertus.

C'est l'aliment le plus riche nutritivement. « La spiruline est très riche en protéines, plus que la viande et le poisson, en vitamines, toutes sauf la C, et en minéraux comme le fer. Elle est reconnue par l’OMS comme « l'aliment de santé supérieur du 21e siècle ». Elle soutient l’organisme dans son bon fonctionnement grâce à ses nutriments. Ce qui aide à renforcer nos défenses immunitaires et à éviter les coups de fatigue, limiter les carences et éliminer les toxines et métaux lourds de notre corps. Un véritable concentré en antioxydants, vitamines et minéraux. » Bref, saupoudrée sur une salade, mélangée dans un yaourt, ou en tartines apéritives, elle est un allié santé prouvé et éprouvé.

Une culture écologique et économique

Depuis ces dernières années, même si les fermes paysannes de spiruline se développent - il y en aurait environ 150 - la production française augmente sans toutefois combler la demande des Français. « D’après la Fédération des Spiruliniers de France, la production française correspond à seulement 10 % de la consommation. 90 % de la spiruline vendue proviendraient de Chine, d’Inde et des États-Unis, principalement produits par des sites industriels qui, pour optimiser leur rendement, adoptent un mode de séchage par atomisation à plus de 150°C, altérant les qualités de la spiruline. » C'est là toute la différence avec la culture paysanne qui fait sécher à température ambiante, soit inférieure à 40°C, afin que la spiruline conserve toutes ses qualités nutritives et gustatives.

La culture paysanne est également écologique et économique. « Elle consomme 10 fois moins d’eau que n’importe quelle culture, pour un rendement protéique à l’hectare 15 fois supérieur au soja par exemple. Les bassins fonctionnent en circuit fermé. Nous ne faisons que compenser l'évaporation d'eau. Et nous ne changeons l'eau des bassins qu’une fois par an, voire tous les deux ans. Elle est aussi écologique car elle absorbe 40 tonnes de gaz carbonique par hectare par an. »

Pour en vivre, Marine a pour objectif d'en produire 350 kilos par an. Elle a commencé cet été la commercialisation sur des marchés de l'Ile de Ré et Nieul-sur-Mer, ainsi que dans sa ferme le mardi de 18 h à 19 h. Changement d'horaire à partir du 15 octobre, où elle ouvrira la ferme le mercredi de 16 h 30 à 17 h 30. Et prochainement, il sera possible de la rencontrer également sur les marchés de l'Agglo et de commander en ligne via le site internet. 

Le Projet Alimentaire de Territoire (PAT) La Rochelle Aunis Ré vise à transformer notre système alimentaire. C'est un projet ambitieux qui se décline autour de mesures concrètes pour plus de proximité entre le champ et l’assiette : soutenir l’installation d’agriculteurs, développer les circuits de proximité, offrir des produits locaux de qualité ou adopter une alimentation durable. La création de cette ferme aquacole sur le territoire rejoint pleinement les ambitions de notre Projet Alimentaire : des aliments sains, produits dans le respect de la terre et consommés ici.

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