Tamata Océan : solutions marines à partager

Tamata Océan : solutions marines à partager

Publié le 15 janv. 2020 - Mis à jour le 20 mars 2020

L’association Tamata a remporté l’automne dernier l’étape de l’Ocean Hackathon organisée par La Rochelle Technopole en collaboration avec l’Université. Au cours de ce défi non-stop de 48h, l’association a finalisé son mini-laboratoire de captation de données en mer. Développer cette mallette est l’un des projets de Tamata qui cherche à gagner en autonomie par rapport à des modèles jugés trop énergivores, à l’heure du réchauffement climatique. Un défi qui s’inscrit pleinement dans le cadre de la démarche « La Rochelle Territoire Zéro Carbone ».

tamata

Le mot Tamata signifie « essayer » en polynésien. Les natifs du petit atoll d’Ahé, non loin de Tahiti, surnommèrent ainsi Bernard Moitessier lorsqu’il s’y installa dans les années 70. Le navigateur baptisa ensuite Tamata son dernier navire, celui de l’après Joshua, bateau mythique qui figure désormais parmi la flotte du Musée Maritime de La Rochelle.

Aujourd’hui, une association porte ce nom de Tamata, fondée par Romain Tourte dont le bateau a aussi un lien avec La Rochelle. Il s’agit d’un Arpège sorti des chantiers Dufour de Périgny dans les années 70. « Ce navire était voué à la démolition quand je l’ai récupéré. Nous l’avons entièrement retapé », déclare cet ingénieur en informatique de 40 ans qui, il y a quelques années, a plaqué son emploi pour un tour du monde et un changement de vie davantage en accord avec ses convictions : essayer, chercher des solutions, tendre vers davantage d’autonomie pour réduire son empreinte écologique.

Zéro déchet et spiruline

Il y a trois ans, un rassemblement d’Arpèges pour les 50 ans de cette série restée mémorable dans l’esprit des « voileux » a conduit Romain Tourte vers La Rochelle. Il y est resté, transférant le siège de son association jusqu’alors normande. « Notre idée, là-bas comme ici, est d’expérimenter des solutions d’autonomie sur le bateau qui puissent ensuite être dupliquées sur terre et favoriser la sensibilisation ». En 2016, l’équipage de l’Arpège participait à l’épreuve du tour des ports de la Manche en mode zéro déchet. « Nous avions un lombricomposteur à bord, des contenants en verre ou en métal. Nous n’avons rapporté aucune poubelle noire ». Une expérience partagée depuis lors des sorties en mer « apéro sur l’eau zéro déchet » que propose Tamata Océan. « Nous travaillons aussi sur l’autonomie alimentaire en faisant pousser de la spiruline sur le bateau et en proposant des ateliers sur ce thème. Cette algue riche en protéines et minéraux représente une alternative à la viande ».

Le défi de l’Ocean Hackathon

Romain Tourte s’attache, bien sûr, à l’autonomie énergétique du bateau et à sa capacité à s’affranchir d’équipements électroniques tels que le GPS. « Nous avons fait en 2018 un périple de 15 jours aller-retour vers l’Espagne sans aucun instrument de navigation autre qu’un sextant et une montre ». Le navigateur en est persuadé, la lutte contre le changement climatique « doit nous amener globalement à ralentir et à se réapproprier des connaissances égarées ».

Acquérir des connaissances et les partager est aussi un objectif poursuivi par Tamata Océan. L’an dernier, les piliers de l’association se sont donné pour défi de construire un mini-laboratoire de mesures facilement transportable, par exemple pour évaluer la qualité de l’eau de mer. « Nous y avions chacun travaillé de notre côté. Nous nous sommes inscrits pour l’Hackathon organisé par La Rochelle Technopole dans l’idée de pouvoir rassembler nos briques et disposer d’au moins 48h à consacrer exclusivement à ce projet ».

Tout savoir sur l’eau de mer

En octobre 2019, l’association a donc participé à la première manche rochelaise de ce défi Océan Hackathon encourageant l’émergence de projets en lien avec la mer et utilisant des bases de données numériques. Sa mallette jaune de mesures a remporté l’adhésion du jury rochelais et de La Rochelle Technopole et Tamata Océan est ensuite allée défendre les couleurs de l’Agglomération lors de la finale de cet Hackathon à Brest. « Là, nous n’avons pas gagné, mais nous sommes très fairplay face au projet qui a obtenu le prix et qui est de grand intérêt : une équipe a développé un algorithme qui facilite la surveillance de la prolifération des algues sargasses ».

Le projet rochelais, lui, consistait donc à réaliser cette mallette de captation de données telles que la température, salinité, turbidité, ph de l’eau et teneur en oxygène. Autant d’indicateurs environnementaux utiles à la recherche et que tout détenteur de ladite mallette pourra à l’avenir capter et partager, selon la voie de la science participative.

Acteur de la transition

Au-delà de l’Océan Hackathon, ce projet a aussi été remarqué et retenu fin 2019 par l’Agglomération dans le cadre de « La Rochelle Territoire Zéro carbone ». L’association de Romain Tourte figure en effet parmi les lauréats de l’appel à projets « Acteurs de la transition » qui soutient des actions nouvelles mises en place par des organismes locaux en vue d’accompagner le public dans diverses étapes de la transition énergétique, écologique et citoyenne.

L’esprit Open Source

En 2020, Tamata Océan se donne pour tâche de finaliser la transmission du modèle open source de ce mini-laboratoire, de façon à ce que d’autres s’en saisissent et l’utilisent. « Nous avons un partenariat à ce sujet avec le laboratoire LIENSs de La Rochelle Université ainsi qu’avec l’Inra ». L’association compte aussi poursuivre ses apéros sur l’eau « zéro déchet » et travailler sur la production d’énergie à bord d’un bateau, toujours dans cet esprit de réduction des impacts environnementaux et de mise à disposition des connaissances acquises. « Quand on essaye des solutions, on développe sa curiosité, son imaginaire. On découvre qu’on est capable de faire bien davantage que ce qu’on croyait. C’est le type de satisfaction que nous voulons partager.»   

Crédit photos : Romain Tourte / Tamata Océan

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